Hausse des primes : la solution est sous notre nez. Ne nous laissons pas distraire et votons oui au financement uniforme !

Berne/ , 30 septembre 2024

+6% ! Voilà la hausse des primes annoncée pour 2025. C’est la troisième année consécutive que les primes augmentent de manière marquée. Faut-il désespérer ? Bien au contraire. Aux assurés qui en ont assez, je dis qu’ils ont le pouvoir de changer les choses de manière concrète et durable : en glissant un oui dans l’urne pour la réforme du financement uniforme, lors de la votation du 24 novembre prochain.

Pius Zängerle, directeur curafutura

Rarement, en politique, la proximité entre un problème et sa solution aura été si éclatante. En effet, la raison pour laquelle les primes augmentent de manière disproportionnée est que les cantons se retirent de plus en plus du financement de l’assurance de base. C’est une conséquence logique du système, puisque le transfert vers l’ambulatoire avance chaque année. Or, les prestations dans l’ambulatoire sont financées à 100% par les primes, alors que dans le stationnaire, les cantons financent la moitié. Le résultat est que la part des coûts supportée par les seuls payeurs de primes ne cesse d’augmenter (à quoi s’ajoute à la croissance globale des coûts de l’AOS). Et ce n’est pas uniquement moi qui le dis, l’OFSP a souligné ce problème lors de sa communication sur les primes la semaine passée.

Le financement uniforme apporte une réponse directe à ce transfert de charges qui pénalise les payeurs de primes : il oblige les cantons à co-financer tous les domaines de l’assurance de base de manière égale: ambulatoire, stationnaire et soins de longue durée.

Mieux encore, le financement uniforme ne fait pas que stopper la lente fuite des cantons hors du financement de l’AOS. Il les amène à s’impliquer financièrement à un niveau supérieur au niveau actuel. Autrement dit, lors de l’entrée en vigueur de la réforme, la part des coûts payée par les cantons va augmenter et la part des coûts payée par les primes va diminuer. Cet effet soulagera immédiatement les payeurs de primes dans tous les cantons et sera de l’ordre de 1,5 à 2,5 milliards de francs.

Et ce n’est pas tout. En plus de cet effet de répartition des charges entre les différentes sources de financement, la réforme du financement uniforme entraînera également des économies sur les coûts globaux de 1 à 3 milliards de francs, dont profiteront à la fois les payeurs de primes et les cantons. En effet, en favorisant le transfert des prestations stationnaires coûteuses vers les prestations ambulatoires meilleur marché et de qualité équivalente, la réforme permet des économies considérables. Deuxièmement, en encourageant les soins intégrés, elle améliore la coordination, élimine de nombreux doublons et évite des traitements et examens coûteux et inutiles d’un point de vue médical.

Au vu de ces atouts, le financement uniforme est LA réponse évidente pour tous ceux qui veulent réduire les coûts et soulager les payeurs de primes tout en renforçant les soins de santé. Je suis persuadé qu’une majorité des votants partage cette vision et j’ai donc confiance dans le scrutin du 24 novembre.

Cependant, il ne faut pas négliger les risques. J’en vois de trois ordres. Le premier réside dans le fait que les opposants à la réforme se laissent tenter par des déclarations erronées et cherchent à induire en erreur les votants. C’est ce qu’on a pu voir dans un article de la SonntagsZeitung, où les syndicats ont prétendu que la réforme mènerait à une hausse des primes. Comme évoqué plus haut, c’est le contraire qui est vrai. Grâce d’une part à l’effet de répartition entre les sources de financement et d’autre part à l’effet d’économies : les payeurs de primes seront clairement gagnants.

Le deuxième risque est d’ordre politique. Certains partis peuvent être tentés de faire de la tactique au détriment du contenu. Une nette majorité du groupe parlementaire socialiste a ainsi voté oui pour le financement uniforme, mais le parti a ensuite donné une consigne de vote négative. Il convient dans ce contexte de saluer l’engagement de plusieurs élues socialistes qui continuent de s’engager pour le financement uniforme malgré cela, telles qu’Ursula Zybach et Sarah Wyss. Le même risque existe à l’UDC. Là aussi, une nette majorité du groupe parlementaire a voté oui à la réforme au Parlement, mais la direction du parti national souhaite visiblement changer de cap. J’espère ici que les parlementaires UDC en faveur du financement uniforme, mais aussi les conseillers d’État UDC en charge de la santé dans leur canton sauront faire entendre leur voix, autant au sein de leur parti qu’envers leurs électeurs.

Enfin, le troisième risque est celui de la distraction. Les hausses de primes à répétition engendrent une certaine nervosité, et c’est bien normal. Mais de la nervosité à la peur et de la peur à la panique, il n’y a pas loin. Et si l’on se laisse emporter dans cette spirale, on risque de perdre l’essentiel des yeux. On tombe alors dans une surenchère de propositions qui partent d’une bonne intention, mais qui sont malheureusement irréalistes. J’en veux pour preuve la récente idée de la conférence latine des directeurs cantonaux de la santé (CLASS), qui propose de séparer les personnes âgées du reste des assurés afin de créer une assurance spécifique pour eux.

Cela n’apporterait aucune solution au problème de l’augmentation des coûts de la santé et cela contreviendrait aussi au principe d’égalité de traitement si important dans notre système d’assurance-maladie. Mais surtout, et c’est le péché capital à mes yeux, ce genre de proposition nous détourne des vraies solutions. En l’occurrence, la solution qui est sur la table et à laquelle nous pouvons donner le feu vert, c’est le financement uniforme. Nul besoin de chercher midi à quatorze heures. Il faut mobiliser les forces et le capital politique de tous les acteurs de bonne volonté dans les semaines qui restent et ne pas se perdre en discussions théoriques. Je vous invite donc à vous engager partout où cela est possible en faveur du oui au financement uniforme, ainsi qu’à glisser un oui dans l’urne. Nous améliorerons ainsi le système de santé et nous nous offrirons également une véritable bouffée d’oxygène en tant que payeurs de primes.